C’était il y a un an….
Vous connaissez les sujets abordés par l’association Orléâmes :
Hypersensibilité, trouble de la personnalité dépendante affective, dépression, burn-out, trouble du comportement (TOCS) et les problèmes de communication interpersonnelle, …
Et bien Orléâmes c’est mon histoire.
Ce sont tous les épisodes compliqués de ma vie que j’ai traversés pendant 48 ans avec l’impact désastreux sur mon entourage et mes enfants qui ont aujourd’hui 15 et 18 ans.
Je connais le marché de la souffrance, il n’y en a pas de petites ou de grandes mais celles que l’on porte en soi et qui nous détruisent. Les problématiques de tous ces sujets, je les ai vécus dans mes tripes, dans mon coeur, dans ma tête et dans ma chair jusqu’à vouloir y mettre fin parfois violemment.
J’ai vu des psychologues, des psychiatres qui m’ont aidée à leur niveau mais là seule chose qui m’a sortie de cette boucle infernale : c’est moi !
En pouvant mettre des mots, enfin, sur mon mal être qui s’exprimait sans mot.
Ma chance a été de faire la rencontre d’un ami, responsable dans le secteur électronique et loin des préoccupations psychologiques.
Grâce à lui, j’ai découvert une porte il y a un an et je l’ai prise difficilement et timidement tant mes représentations étaient chargées de préjugés.
Et c’est tombé sur moi comme on prend une claque dans la figure : je suis haut potentiel, surdouée diagnostiquée par une neuropsychologue. J’ai pleuré à l’annonce des résultats. Car oui pour moi c’était choquant, incompréhensible et violent.
J’étais une petite fille discrète et introvertie, paralysée par son mal être, réussissant mais souffrant d’un manque de compréhension et d’estime de soi.
Zèbre comme on dit pour ne pas mettre mal à l’aise l’entourage et enlever ce côté pompeux et supérieur que cela n’est pas. C’est une façon de voir la vie différemment, souvent idéaliste et humaniste, empathique et le cœur sur la main. Mon monde est celui des bisounours.
Mais mes réflexions sans fin sur la couleur du monde sont souvent en décalage avec les attentes de la société plus terre à terre. Je voyais la beauté partout, la souffrance des humains, mais aussi des horizons où on me mettait bien souvent des frontières (je fais référence à ma citation préférée de Frida Kahlo) et tout ça m’isolait terriblement car mon hypersensibilité détectait comme un scanner chaque haussement de sourcil, chaque intonation de voix, chaque hochement de tête, ou rictus…. on avait le souci de me comprendre mais sans vraiment y arriver.
Et c’est là que je veux en venir : ce n’est pas être Hp qui me faisait souffrir mais le décalage avec la société et les difficultés à communiquer avec les autres et les regards qui reflétaient des incompréhensions. J’ai reçu toutes les étiquettes du monde : extra-terrestre, spéciale, trop sensible, trop tout, bipolaire, pas bien dans sa tête, toquée et ils n’avaient pas tort mais c’était à cause de ce qu’on reflétait chez moi pas à cause de qui j’étais. Mais qui j’étais avait une influence dans nos interactions pas facilitées par les maladresses de communication existantes chez beaucoup d’entre nous.
C’est ça qui me rongeait intérieurement : ne pas être comprise et ne pas pouvoir trouver les mots pour verbaliser mes maux et me soulager.
Donc mon corps a exprimé ses angoisses et cette souffrance. Inconsciemment, j’ai somatisé ma douleur pour exprimer ce que je ne pouvais pas dire verbalement car cela m’échappait complètement à l’époque.
«Je ne fonctionne pas comme vous et ce n’est pas grave mais c’est l’explication des difficultés à s’entendre parfois sur certains sujets : nos attentes nos besoins ne sont pas les mêmes mais aimons nous quand même.»
On ne peut pas prendre une porte qu’on ne voit pas !
Aujourd’hui l’étude de la science de la vie (la psychologie encore taboue pour certains) m’a permis de comprendre mon histoire, mes douleurs. Je me suis auto-analysée et j’ai réussi à «apaiser» mes mauvaises pensées et à canaliser toutes les croyances qui s’étaient programmées dans ma tête avec mon histoire et qui m’empêchaient d’avoir confiance en moi.
L’humain est une belle machine qui se défend toujours de ce qui fait mal, donc on réagit par nos émotions…fortes, par des processus cognitifs biaisant notre vision, une communication violente parfois, et un corps qui se rend malade.
Aujourd’hui, j’ai fait le deuil de cette partie de ma vie et j’ai pardonné à moi surtout et aux autres qui ne pouvaient pas savoir non plus. Tant de rage, tant de tristesse pour simplement ne pas avoir pu exprimer très simplement une situation et avouer verbalement mes besoins de compréhension.
J’ai mis mon énergie avec cette pensée dite en arborescence à mon service et à l’exploration de moi-même, je n’ai suivi aucune psychothérapie mais j’ai appris à dénouer chacun de mes mécanismes de défense pour les réajuster. Orléâmes a pour but aujourd’hui d’informer sur tous ces mécanismes. Les ateliers, les visio-rdv, les livres de l’association, les temps de rencontre …c’est tout ce que j’aurais aimé avoir à l’époque pour me sentir écoutée, comprise, encouragée …et surtout pour savoir.
Zèbre ou pas zèbre, ces mécanismes sont les mêmes pour tout le monde et chacun peut, seul ou avec un accompagnement qui lui conviendra, gagner cette confiance en chassant ses peurs et en identifiant ses besoins.
Merci d’avoir le courage de chercher à vous connaître car ce n’est pas évident d’aller à contre sens de soi-même, de sa propre nature mais c’est une belle aventure qui mérite d’être tentée.
Je prends le risque de m’exposer publiquement aujourd’hui pour que mon histoire permette peut-être de faire écho, une bouteille à la mer qui pourra peut-être être utile pour certains comme l’a été cette rencontre avec mon ami, magique et salvatrice pour moi.
J’ai été cassée et je me suis réparée : tout n’est pas parfait mais mon histoire je l’ai digérée et je peux avancer aujourd’hui en m’acceptant telle que je suis.
Avec toute ma tendresse
Bérengère
Membre fondateur d’Orléâmes
Mon coeur, comme dans un un grand huit, a chaviré dans tous les sens.
Je me suis accrochée pour ne pas être éjectée.
Merci Bérengère pour ce cri qui résonne dans mon lac intérieur.
Merci pour cet hameçon que tu lances, je voudrais pouvoir me laisser saisir.
Quand j’ai découvert que j’étais Hp, j’ai arrêté de chercher à vouloir me faire comprendre, à vouloir me rendre accessible.
6 ans après, j’ai l’impression d’avoir perdu toute capacité à communiquer, à construire avec d’autres. (je n’avais jamais été très efficace en cela avant). Mes eaux intérieurs sont bien sombres. Je vais tenter de saisir ta main.
Avec plaisir, hâte de pouvoir en discuter ensemble. A très très vite ! Merci